Pluie Magique

Le 1er février 2004, à Houston, au Texas, le Sud des États-Unis, le Super Bowl XXXVIII oppose les Panthers de la Caroline aux Patriots de la Nouvelle-Angleterre, qui le gagneront. Mais à la mi-temps, le spectacle est celui de Janet Jackson et de Justin Timberlake. L'hypocrisie nationale sera immense. L'injustice est misogyne et pire aussi, raciste. 

Le styliste de Justin Timberlake dira que Justin (pas Janet) avait l'intention de faire mieux que son ancienne copine Britney Spears, qui avait fait beaucoup jaser en embrassant sur les lèvres en fin de performance en duo, Madonna (Christina Aguilera aussi), sur scène. Ce styliste est vu acheter un couvre mamelon à une amie le week-end précédent le Super Bowl en lui disant de surveiller attentivement la fin du spectacle de la mi-temps, où il y aura une surprise. 

Et bien oui, Justin, terminant sa chanson Rock Your Body avec la ligne "I'm gonna have you naked by the end of that song", joint les paroles au geste et arrache un morceau de linge qui nous montre très furtivement le sillicone des seins de Janet et le cache mamelon qui a la forme d'un soleil. Ça ne dure vraiment pas longtemps. Janet fait semblant d'être outrée, mais tout ça était bien planifié. Les États-Unis entier réagiront maladivement en changeant les règles de diffusion en direct (images désormais différées de quelques minutes pour donner le temps de censurer au besoin).Mettrons des gens à l'amende, ce qui est odieux et franchement sutpide. Mais PIRE, Janet Jackson sera 100% vilainifier et presque pas du tout Timberlake. La carrière de JJ, pas mal morte depuis. 

Dé-gueu-las-se hypocrisie. Par malsain puritansime Étatsunien, on mentira wardrobe malfunction. Mais les gens sains d'esprit savent que les États-Unis sont dans l'erreur du début à la fin dans le traitement de l'évènement. 

En 2005, on choisit plus conservateur et familial avec Paul McCartney. On reste baby boomer pour l'année suivante avec les Rolling Stones.

Mais en 2006, on visite Prince. Et on le courtise. Il est au terme de sa tournée pour promouvoir Musicology. Prince les invite à souper chez lui, Les gens de la NFL lui disent ce qu'ils recherchent, ce qu'ils acceptent, ce qu'ils n'acceptent pas, jasent des conditions et lui montre sur vidéo des spectacles passés comme ils les aiment. Prince critique ce qu'il voit sur vidéo. Souligne que..ah non!...ça je n'aurais pas fait ça comme ça. On lui dit comment ferais tu alors ? Il les amène dans une autre pièce, son band l'attends, il prend sa guitare, 1,2,3 ...on se met à jouer un show privé pour les gens de la NFL qui savent tout de suite qu'ils voudront Prince pour leur mi-temps.

Prince prendra un soin méticuleux à choisir les morceaux qu'il jouera sur scène. Il n'a, en théorie, que 12 minutes de musique à faire sur scène ce qui impose des compromis qu'il n'est pas habitué de faire. Si il se choisissait certaines versions passées sur scène de Baby I'm a Star, ce serait la seule chanson jouée. mais il réussira à en glisser un brin dans son douze minutes.  Il veut rendre justice à l'histoire de la musique et faire école. Livrer le meilleur spectacle de l'histoire de spectacles de la mi-temps. Pour plus de 140 millions d'auditeurs dans le monde, il veut faire une affirmation artistique, historique et raciale. Il pleut tant que les organisateurs s'en inquiètent et vont le voir pour lui dire ce qu'il en pense. Il répond simplement, drapé de sa confiance éternelle:  "Can you make it rain harder?".

Il embarque la foule dans son train impliquant tout de suite la foule avec un des hymnes de stade les plus connus, We Will Rock You, de Queen, Monter à bord avec moi, on part ensemble. Jamais le spectacle de la mi-temps, n'a eu à affronter la pluie. La neige, peut-être, mais l'eau tombée du ciel inquiète absolument tout le monde. Il  a risque de s'électrocuté et d'y laisser sa vie. Prince s'en amuse en disant à son band de jouer comme si c'était le dernier jour de leur vie. Humour noir. Son inquiétude survient lors de la pratique avant le spectacle ou rien, mais absolument rien ne tournera comme prévu. Un control freak dans un décor hyper contrôlé, ça fait toujours grincer. On passe des heures à lui faire une tête avec le coiffeur, mais lorsque vient le moment de commencer le spectacle, avec la pluie qui tombe assez fort, Prince a le réflexe de prendre un fichu fuchsia et de s'envelopper la tête dedans. La personne qui avait passé tant de temps à lui faire les cheveux en sera horrifiée. Prince veut voir ce qu'il fait. Si l'eau lui perle sur le visage, il n'y arrivera pas. Avec la chanson de Queen, il croise un de ses plus grands kickers hits avec Let's Go Crazy. Les jumelles Mandy & Nandy McClean, qui étaient de sa tournée de Musicology, dansent sur scène avec lui, il fait répondre la foule dans Let's Go Crazy

Il enchaine ensuite avec un pot-pourri de 1999, Baby, I'm a Star, Proud Mary de Ike & Tina Turner/CCR, pour ensuite faire une version ralentie d'un autre héros du Minnesota, Bob Dylan, que Jimi Hendrix avait aussi habilement repris. De la musique de noirs reprise par les blancs, de la musique de blancs, reprise par un noir, rien n'est innocent de la part de sa royauté. Il croise très habilement avec une reprise des Foo Fighters, ce qui étonnera absolument tout le monde. Toute la scène représente son love symbol. La pluie tombe tant que certaines caméras peinent à rediffuser clairement les images. 

À la conclusion de All Along The Watchtower, après la ligne "I ain't no fool", commence quelques notes de piano, où Prince entamera sa parfaite Purple Rain. Avec les éclairages projetées, la pluie parait pourpre. Il aura son moment sexuel moins virulent que celui de Janet & Justin mais qui aura sa part de plaintes, en plaçant sa guitare à la hauteur de son sexe en ombre tout juste avant le morceau.

C'est toujours très personnel comme affirmation, mais un peu comme Kiss disant pendant des années que c'était le meilleur groupe au monde, ce que plusieurs ont fini par croire pendant quelques temps, plusieurs diront que ce spectacle sera le meilleur que la mi-temps du Super Bowl n'aura jamais offert. 

Prince en fera un marqueur important de sa carrière. Il fera des compromis qu'il aura rarement fait dans sa vie, en faisant une publicité pour Pepsi, "une conférence de presse" qui sera davantage une prestation musicale. Il avait dit qu'il en répondrait à aucune question, alors quand il se présente à la conférence de presse, il feint de maintenant changer d'idée et demande qui voudrait lui poser des questions. Avant qu'un premier journaliste ne pose sa question, Prince entame Johnny B. Goode de Chuck Berry, aussitôt enchainé avec Anotherloverholenyohead avec un petit extrait de Rock Lobster des B-52's, pour ensuite terminer avec Get on the Boat de son dernier album 3121

Afin de garder son band fin prêt à jouer absolument n'importe quoi, il ne leur dit pas ce qu'il va jouer ce jour là. Si bien que l'une des jumelles qui éclate de rire au début, découvrant ce qu'il allait jouer, est tout à fait spontané. 

Dans sa tournée en résidence à Las Vegas, le marqueur est si important qu'il diffuse les images de ce spectacle du Super Bowl, en ouverture de ses performances.

"I'm gonna fuck with you but I'm gonna make you happy" avait promis Prince aux gens de la NFL. 

Il a livré. Le jour de mes 35 ans. 

S'Amuser

Prince adore s'amuser. Il a beaucoup beaucoup travaillé pour en être là où il en est mais c'est un métier, il faut l'avouer, où il est facile de simplement s'en amuser. Prince n'a plus rien à prouver il sera riche jusqu'à la fin de sa vie. Il aimera toujours faire de coups aux gens qu'il aime.

Le 21 octobre 1998, au gala du GQ Man of the Year, Prince doit présenter un prix à l'humoriste Chris Rock. Il le fera déguisé en vieillard, sans jamais sortir du personnage. Sans même être présenté (mais largement reconnu).

Le 19 avril 2004, il est l'invité de CNBC's Special Report with Maria Bartiromo qui lui demande de jouer de la musique. Il dit qu'il le fera seulement si elle accepte de chanter. Pour l'encourager à le faire, il commence Delirious, puis, 12:01, blues livré exclusivement en spectacle, donc beaucoup moins connu, pour finalement lui jouer Purple Rain. Comme elle ne se sent pas à la hauteur pour le faire devant lui et devant public, elle lui dit "you're killing me", gênée. Prince lui répond donc "That's the idea". 

À Minneapolis, avec Dez Dickerson et Matt Fink comme complice, ils s'étaient entendus pour que pendant que Dez se fasse interviewer, Prince, derrière, soit impliqué dans un violent échange avec Fink et avec des membres de son band où tout le monde se criait après, se lançant même des objets, sans jamais que Dez ne réagisse. L'intervieweur se sentait très mal à l'aise jusqu'à ce qu'il soit avisé du coup monté, ce qui l'a beaucoup soulagé puisque ça a duré autour de 5 très longues minutes. 

La première rencontre entre Chaka Khan et Prince s'est déroulée comme suit: Prince est au studio d'Electric Ladyland. Chaka Khan, dans un hôtel tout près. C'est une amie de Sly Stone. Prince l'appelle et imite à la perfection la voix de Sly pour lui dire, "Hi, it's Sly, I'm at Ladyland, why d'you come down ?". Elle s'y rend pour n'y trouver que Prince, avec sa guitare. "Qui es tu ?" lui demande-t-elle, "SalutJe suis Prince, celui qui t'a appelé" lui a-t-il répondu. Insultée, elle ne travaillera pas avec lui ce soir là, mais lui pardonnera l'hameçon auquel elle avait mordu.

Avec David Z comme complice, quand l'ingénieur du son Tommy Vicari quitte sa chambre d'hôtel afin de passer la soirée avec son amoureuse ailleurs, Prince et lui prennent le linge de son gérant Owen Husney, le remplisse de feuille afin de créer l'illusion qu'il y a quelqu'un dans ce linge, lui plante un couteau dans le dos, et le couche de face sur son lit. Vicari, qui entre entre 4h et 5h du matin, est si pris de panique en entrant dans sa chambre qu'il en tombe au sol dans le corridor et se rend jusqu'au sous sol en criant, là où Prince et Vicari jouent au ping-pong. Morts de rire.

L'équipe qui ouvrait son courrier a vu un jour toutes ses paires de ciseaux avoir leurs lames collées à l'extra-colle, ce qui a forcé à aller en acheter d'autres. Parfois, il faisait agrandir des affiches de gens de Paisley Park afin de les exposer dans des endroits incongrus comme une salle de bain ou une cabine de salle de bain. Surtout des images géantes d'hommes parfois même des couples, dans les cabines des toilettes de femmes. Une autre fois, il a fait partir l'alarme de feu en courant dans les corridors criant qu'il était "too hot to handle, you have to evacuate !!!". Prince n'avait pas que la taille d'un gamin, il en avait aussi l'esprit. 

Sa professeure de piano, quand il était enfant, était découragée par Prince qui ne réagissait pas beaucoup à ses dires, n'apprenaient pas vraiment les noms des notes, et restait coi quand on lui disait que même John Lennon avait eu à suivre des cours de musique. Elle trouve qu'il avait toujours l'air très malheureux. Pour chaque leçon, elle trouvait une punaise que Prince avait laissé sur la chaise sur laquelle elle allait devoir s'assoeir. Elle arrivait toujours à la faire tomber de la chaise avant de s'assoeir, la voyant toujours tout de suite. Mais une fois elle s'est assis volontairement dessus et a fait semblant que ça lui avait fait très mal. Prince a souri. 

Elle avait atteint un objectif hors classe.

Il était aussi très fan du gag de type "révélation". Apparaitre dans des endroits inattendus. À 5'1, il pouvait se glisser partout. Il s'arrangeait donc souvent avec les gars de l'équipe de tournée pour se glisser dans des valises d'équipement et faire soit des sauts à des gens qui allaient les ouvrir, mais aussi en sortir en feignant (à peine) la diva (qu'il était) en pleine entrée spectaculaire. Une autre fois, il a fait habiller sa conjointe Mayte Garcia de ses vêtements à lui, et pendant quelques instants, cagoulés on pense que Prince traine dans les environs et tout le monde attends les consignes. Jusqu'à ce qu'elle laisse tomber son linge, se révèle en bikini fuschia et en bottes de combat et que Prince arrive d'un autre angle. 

Parfois, on faisait le coup de la chaise roulante où des membres de son entourage le poussait quelque part dans un endroit public, se chicanait faussement avec, le laissant tout seul, recroquevillé dans sa chaise, dans le milieu d'un endroit public, là où Prince faisait semblant de vouloir marcher mais tombait au sol, ce qui attirait forcément des gens pour l'aider, et là il se relevait aussitôt pour les surprendre en se révélant Prince. 

Dans un aéroport, Prince (& Dez Dickerson) ont volé un porte-voix, avant de monter dans l'avion. Cet avion sur le tarmac, une voix a annoncé au micro que le départ serait retardé car des gens auraient volé un porte-voix nécessaire au bon fonctionnement de cet aéroport. Prince & Dez ont été arrêté et gardé en détention où Prince a fini par signer plusieurs autographes, toute la soirée. 

Celui qui s'enregistrait dans les hôtels sous plusieurs identités, dont Karl Marx, a un jour pensé que l'animateur de talk show télé Jimmy Fallon serait un joueur de ping-pong contre lequel il serait amusant de jouer. Prince, qui aime souvent jouer l'inatteignable,  fait souvent faire ses messages par un troisième parti. Il parle aussi de lui à la troisième personne pour rigoler. Il avait donc fait texter au batteur du band maison de l'émission de fin de soirée de Jimmy Fallon, aussi batteur de The Roots, Questlove, afin de lui livrer le message suivant: "Please tell Jimmy Fallon that "he" wants to challenge Jimmy to a ping pong game at Susan Sarandon's Spin" une chaine de tables salle de tennis de table et de tennis tout court, ainsi qu'une franchise de bar de fin de soirée. 

"He" sans le nommer était Prince. Questlove l'avait compris. Fallon était néo-papa d'une petite fille qui ne faisait pas ses nuits, rien n'était moins certain qu'il puisse se libérer. Toutefois c'était quand même Prince qui lui demandait de jouer au ping-pong, ça ne pouvait pas se refuser. Prince avait dit à Questlove qu'il serait au club de Susan à minuit 30. Fallon n'y va pas le soir même, mais le lendemain, quand Prince récidive. Fallon se rend au sous-sol de Spin, où une dame lui demande si il est sur place pour Prince, secrètement. Ce que Fallon confirme. Elle le guide vers une table, et lui indique que Prince est derrière ce rideau. 

Rideau que Fallon ouvre pour y découvrir effectivement Prince, armé de sa tablette de ping-pong personnalisée et une balle lui disant, sourire en coin et avec défi : " 'You ready for this ?". Ils se font quelques échanges de pratique et commencent à jouer. C'est 20-10 en faveur de Prince (ce sont des matchs de 21 au Ping-Pong) quand celui-ci appelle le point de match. Un coup parfait de sa part suit frappant le coin de table du côté de Fallon, un coup inatteignable. Prince gagne 21-10 avec ce coup. Fallon va chercher la balle, lui tourne le dos pour ce faire et le temps de se retourner, Prince a disparu. Fallon le cherche comme un égaré derrière les rideaux, sous la table, ne le trouve pas.

Questlove, qui devait aussi se rendre sur place, arrive en retard et croise, en voiture la limousine contenant Prince. Il s'arrête à sa hauteur et baisse sa fenêtre pour l'inviter à faire de même, et lui demander "Hey ! what happenned ?". Le vitre électrique descend le temps que Prince lui réponde "Ask your boy" et la vitre remonte aussitôt, il quitte les lieux.  

Royal. 

Ce même Jimmy Fallon, en jasant avec Chris Rock, lui apprend qu'il n'a jamais vu Prince en spectacle. Rock en reste ébahi et refuse que la situation en soi ainsi. Il lui trouve des billets pour un passage de Prince, à New York. Pendant le spectacle, un membre de l'équipe de Prince se rend à Fallon pour lui dire que Prince aimerait bien que pour le dernier morceau, Fallon danse avec lui sur scène. Fallon insiste pour dire que ce n'est pas une bonne idée, qu'il n'est pas bon danseur, que tout ça ne sera pas dans le même ton que le reste, ça déplaira à tous. Mais on est aussi insistants du côté de Prince. 

Questlove, aussi présent, est de ceux qui quittent la loge VIP où ils se trouvent et montent sur scène. Il est batteur, il prends les baguettes et s'amuse à faire ce qu'il fait de mieux. Fallon choisit donc de suivre Questlove et d'aller danser aux côtés de Prince. Ce qui dure quelques instants seulement, Prince disparait sous ses yeux quand un ascenceur le fait descendre sous la scène, laissant Fallon danser tout seul. Sur un rythme qui ne cesse jamais. Trop longtemps au goût de Fallon. Qui se fait niaiser par sa royauté.

Prince écoute beaucoup l'enfant en lui. C'est assurément pour cette raison que j'en resterai fasciné toute ma vie. Même quand sa musique ne me parlera presque plus. 

Le 32ème album de Prince est lancé le 15 juillet 2007, par NPG Records, et distribué, au Royaume-Uni, gratuitement, dans l'édition du journal The Mail on Sunday. Encore une fois, Prince a l'intelligence de gonfler les chiffres de ses ventes par une entente, autrefois avec les billetteries, maintenant, avec un journal Anglais. C'est ensuite suivi d'une distribution internationale. Sa nouvelle protégée est Bria Valente et elle est invitée sur cet album. Marva King, Sonny T. & Micheal Bland sont aussi de l'album. Tout comme les amies Sheila E., et les anciennes The Revolution, Wendy & Lisa. L'album est crédité au nom de Prince & The New Power Generation et débutera au troisième rang des ventes aux États-Unis dans sa première semaine, vendant plus de 96 000 fois. 

Fin juin, un morceau avait été coulé sur internet. Un single est lancé dans un partenariat avec la compagnie de téléphone Verizon Wireless. En septembre, il se rend à Prague, puis en Espagne pour y tourner un clip qui ne sera joué que sur la chaine de télé BET, par entente commerciale. BET: Black Entertainment Television. Prince ne veut pas que sa musique ne rejoigne que la communauté noire, mais la vise isolément quand même. C'est Columbia qui distribuera Planet Earth. C'était aussi eux qui avaient oeuvré autour de Musicology, avec succès. 

L'astuce de l'album dans le journal et encore décriée, surtout en Angleterre, par les magasins de disques qui se voit acheter pour rien la distribution, mais elle reste payante. Pour une série de 21 concerts à l'O2 Arena de Londres, ce sera toujours presque complets, alors que sa musique ne joue PAS à la radio, et les profits autour de 20 millions.

Un troisième single (le second en fait) et un vidéo l'accompagnant, en sera aussi tiré. L'album est assez bien reçu par la critique. Prince reste épicurien et après s'être orienté des 4 points cardinaux,  il se connecte à la terre 

De sa série de spectacles à Londres, il en tirera un album capté sur scène, lancé à l'automne 2008 dans des nuits indigos.

L'album est vendu avec un beau-livre (de non-fiction, d'images et de design visuel de sa tournée), livre qui se classera au 9ème rang des ventes pour le New York Times.

Mais avant tout ça, le jour de mes 35 ans très exactement, Prince allait vraiment s'amuser pour vrai. 

Hauteurs & Cuisine Musicale

Le jour de mes 34 ans, Prince réapparait à la populaire émission Saturday Night Live, à New York. 24 ans, 11 mois et 15 jours avant, un record d'écart pour des invités musicaux à SNL, en 1981, il avait joué Party Up, issu de Dirty Mind. Cette fois, il en joue 2. Fury et Beautiful, Loved & Blessed bientôt de son album 3121.

Qui sera lancé en mars 2006 avec comme premier single/video, Te Amo Corazon dont le clip est tourné par l'actrice, devenue aussi réalisatrice/productrice de nos jours, Salma Hayek.

30 albums plus loin, Prince n'a plus grand choses à vouloir prouver. Il ne se l'avouera jamais complètement, par orgueil, mais comme il l'a fait toute sa vie, son isolement, son travail souvent pratiquement seul, a un peu eu un effet de chambre d'échos. Sa cuisine est la sienne. Il en est l'unique chef.

Il ne représente définitivement plus les goûts du jour. Universal, qui fait un arrangement d'un seul album avec lui, en fera une telle promotion que cet album sera l'unique de sa carrière a débuter au premier rang du Billboard 200, tassant la trame sonore de High School Musical, le temps de 7 jours. 4 singles seront tirés de 3121, mais aucun ne sera mémorable. Cette époque où il allait marquer les radios de son son est terminée. 

Le batteur Micheal Bland avait 20 ans quand il a commencé à travailler avec Prince. Il est appelé à travailler sur ce nouveau disque. Sonny T. rappeur qui n'avait pas travaillé avec Prince depuis 10 ans, est aussi invité et à trois, on travaille la pièce titre. Petit homme habité de totale grandeur, Prince loue toujours le même domaine, à Los Angeles, au 3121 Antelo Road. Cet endroit sera un tel impact important pour lui que tous ce qu'il louera par la suite sera appelé, entre eux, le "3121". Même si l'adresse du nouvel endroit loué n'a rien à voir avec les chiffres. 

Dans la tournée qui suivra pour en faire la promotion, les billets pour les spectacles en Angleterre, seront 31,21 livres afin de refléter le titre de l'album. Une série de billets couleur pourpre seront aussi lancés pour de spectacles en Amérique Centrale, en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Généreux, ce seront 31 morceaux qu'il offrira sur scène, dont des versions de
What a Wonferful World de Louis Armstrong, Come Together des Beatles, Crazy de Gnarls Barkley, A Love Bizarre qu'il avait écrite pour Sheila E. et termine avec un croisement d'un de ses premiers morceaux et un morceau de Chic. Il place aussi quelques morceaux qui seront sur le prochain album.  

Son album précédent était une consciente envie de revenir sur le menu des incontournables de la radio. Le succès critique et public avaient été au rendez-vous. L'album devenait le premier à faire les palmarès depuis The Gold Experience, en 1995. Principalement grâce au subterfuge de faire un prix plus élevé pour le billet mais qui inclurait le billet et le dernier album. Les radios/télé ne jouant pas tellement davantage Prince. La presse lui est bonne et son excentricité, quoique toujours très présente, ne semble pas faire ombrage à ce qu'il offre. 

Serré et concis, en 53 minutes, peu de temps après Musicology, il confirme qu'il a encore de la note dans le système. Il est ce vieux pro à la bonne réputation qui la reprend musicalement, même si dans les esprits collectifs, on retient un infecté religieusement, capable de multiples caprices. The New Power Generation est à bord de l'équipage. Concentrés en 12 morceaux assez frais, oscillant entre les effluves vocales de Camille, l'électro funk, le hip-hop, la ballade conservatrice, et les échos de James Brown ou George Clinton. Il tâte du slow-jam, du dance, du soul et ne tente pas l'aventure de la musique moderne. En revanche il sera l'un des tous premiers à utiliser l'autotune. Il rebrasse la soupe en talons haut, car oui, il porte toujours le talon haut afin de tricher ses 5'1. 

Il a 47 ans, il préfère raffiner sa palette que de créer de nouvelles couleurs. Mais il reste en grande forme musicale. Sur disque comme sur scène. Et les textes sont moins sexuellement juvéniles. Au lieu de tremper dans le miel d'un concept oblique, 12 chansons tiennent la route mieux que le faisaient celles de Diamond & Pearls. Dès l'ouverture, on attaque avec du lourd funk. Et tout de suite après, avec un groove plus léger, plus aéré. Prince a fait naitre dès 1978, le son de Minneapolis. La signature y est toujours présente. De manière exotique, il incarne une version espagnole de David Byrne, chanteur des Talking Heads sur le premier single. Maceo Parker, Candy Dulfer, Grey Boyer et Ray sont aux cuivres. Clare Fisher, indélogeable aux arrangements de cordes. Ashley Tamar Davis fait des voix. 

Sans être celui qui brise les frontières de ce que les années 2000 semblent vouloir proposer, il confirme qu'il est toujours excellent musicien capable de fameuse cuisine musicale. Depuis
Dirty Mind, c'est souvent la même formule qui revient. Les mêmes ingrédients remodelés. Le flux de 3121 est fort intéressant. Et plusieurs considéreront que Musicology, 3121 et Planet Earth forment une sorte de trilogie de confort food music. Une chanson comme Love peut donner envie de danser autant que de prendre une marche. La guitare sur Fury est fort étudiée. Le piano sur The Work, brillant.  Et terminer avec du funk quasi-comique comme Get on the Boat est une bonne idée. 

3121 place un sourire là où on commençait presqu'à babouner. Mais malgré plus de 22 millions de généré en tournée, plusieurs boudent encore. 

Il reçoit en juin un Webby Award pour avoir été parmi les précurseurs des ventes et distributions numériques issues du Web avec la vente de The Crystal Ball exclusivement en ligne en 1998 (je l'ai eu en CD pareil nah !;) . Prince est moderne après tout. 

2006 est un année active où la hauteur de Prince est soulignée dans la cuisine musicale.

Il apparait à plusieurs cérémonies de remises de prix. Il est sur scène avec Wendy, Lisa et Sheila E. aux Brit Awards. Il est aussi sur scène, mais cette fois pour y recevoir le prix du meilleur artiste mâle R & B, au BET Awards et joue avec la grand Stevie. Il livre un pot-pourri de la musique de Chaka Khan, qui elle, a un trophée pour l'ensemble de sa carrière, du BET. On lui demande de faire la voix du chat Prince XII pour le film Garfield: A Tale of Two Kitties, choisit de ne pas le faire et donne sa place à l'acteur Tim Curry. En novembre, il est intronisé au Temple de la Renommée UK de la Musique. 

Infatigable, il ouvre un club de nuit à Las Vegas, au Rio All Suite Hotel & Casino, appelé 3121. Il y jouera les vendredis et samedis soirs jusqu'en avril 2007. Contractuellement. Il compose une chanson pour le film Happy Feet et une autre des siennes sera aussi chantée par les deux Australiens Hugh Jackman et Nicole Kidman. Prince gagne un Golden Globe pour sa chanson.    

Finalement, un compilation double de ses succès passés vend formidablement bien. 

Prince n'a pas 50 ans, sera très (trop) riche encore les dix dernières années de sa vie. 

Pour le moment, il flotte.

Chef de sa cuisine.

Presque Calque

 Il y a de ses génies musicaux qui, parralèlement, s'inspirent les uns, les autres. 

Dans les années 70 et dans les années 80, deux prodiges, qui étaient aussi humains à la peau noire, ont dominé les palmarès et les ventes de disques dans l'univers de la musique populaire. 

Le premier n'a pas été chanceux, à sa naissance, une malhabile infirmière à réglé trop fort l'oxygène de son incubateur (Il était bébé précoce) et ça lui a brûlé les deux yeux, le rendant aveugle. Ça lui a, en revanche, développé une oreille formidable. Il sera si versé vers la musique qu'enfant, Stevland Hardaway Morris, qui se fera connaître sous le nom de Stevie Wonder, endisquera. Où là, on le surnommera Little Stevie. Parce qu'enfant.

Mais en 1971, alors qu'il n'est plus un enfant, mais un homme de 21 ans, et a 13 albums derrière la cravate, il débute un second contrat avec l'étiquette Motown, qui lui donne l'entier contrôle créatif sur ce qu'il produit en plus de lui verser des sommes records pour l'époque, afin de produire du nouveau matériel. Il répond dès 1972 avec un nouvel album non pas composé de singles ou de reprises mais qui est plutôt un élan artistique liant 9 morceaux les uns aux autres, par des thèmes sociaux, politiques et mystiques. Il joue la plupart des instruments lui-même et expérimente en studio. Il commence une collaboration avec Tonto's Expanding Head Band (Robert Margouleff & Malcolm Cecil) et la parolière Yvonne Wright.

7 mois plus tard, la même (splendide) année, il lance un autre album qui comprendra deux #1 et qui sera suivi d'une tournée en première partie des Rolling Stones, lui développant un nouveau public. Il gagnera 3 Grammys pour cet album et apparaitra dans Sesame Street comme invité. Il leur écrit même une chanson. À l'été 1973, il lance Innervisions qui traite bravement des inégalités du racisme systémique aux États-Unis et il livre quelques charges contre Richard Nixon. 3 Jours après la sortie de l'album, il est passager dans un grave accident de voiture qui le place dans le coma 4 jours. Il perdra temporairement le sens du goût et de l'odorat. Il continuera de se donner en spectacle contre l'avis des médecins. Innervisions aura aussi deux #1 et gagnera aussi trois autres grammys dont celui d'album de l'année.

En juillet 1974, toujours suivant ses envies de critiquer la société Étatsunienne, avec un nouveau disque. il pointe toujours Nixon, offre un caméo aux Jackson 5 et sera aussi #1. Il gagne toujours trois grammys dont celui de l'album de l'année. En 1976, quand Paul Simon gagne l'album de l'année, il remercie Stevie Wonder de ne pas avoir lancé d'album cette année là. Puis finalement, Stevie lance le double album magique Songs in the Key of Life quand il devient papa. 

Wonder, en 5 albums, sur 6 ans, est de l'or pur. Pour ses maisons de disques, pour lui-même, pour les oreilles. Pour le monde de la musique.

1981, Minnesota, rebelote. Presque Calque.

Prince se fait donner le plein contrôle de ce qu'il fait dès le début de sa carrière. ça jouera pour lui un temps, mais contre lui quand il se fera dire non, au milieu des années 90. ce qu'il accepte difficilement. En 1980-1981-1982, surproductif, il signe tant de chansons que c'est un album double qu'il voudra livrer. Ce 5ème album pour lui est le premier avec son band The Revolution composé de la guitariste Wendy Melvoin (qui ne fera que des voix ici toutefois) Lisa Coleman au piano (mais juste aux voix ici aussi) avec Jill Jones aux voix aussi, Dez Dickerson, à la guitare, Brown Mark à la basse et Bobby Z à la batterie (principalement jouée par Prince). Comme Wonder, Prince a tendance à jouer tous les instruments. Il est nommé pour un grammy pour la première fois de sa vie et l'album cartonne très fort avec 5 singles.

Laissant cette fois plus de place à The Revolution, au niveau créatif, l'album suivant verra Wendy s'installer à la guitare et Lisa au piano. Matt Fink est aux synthés Dez est parti et Brown Mark et Bobby Z.sont toujours là. Purple Rain sera un phénoménal hit le rendant multimillionnaire à vie. Premier dans les ventes pendant 24 semaines, il génère 5 singles et Prince gagne non seulement 3 grammys (dont un pour ce qu'il offre pour Chaka Khan) mais il gagne aussi un Oscar. L'album sera intégré à la bibliothèque du Congrès des États-Unis comme étant historiquement, esthétiquement, et culturellement pertinent pour le pays, en 1983-1984. Il vend plus de 25 millions de fois.

En avril 1985, Prince & The Revolution expérimentent davantage avec le psychédélisme et c'est le charme de l'artiste qui ne plait pas qu'aux humains à la peau noire, mais à un large public blanc aussi. Around The World in a Day sera aussi #1 . Parade, en 1986, sera aussi accompagné d'un film,  terrible celui-là totuefois, mais l'album, principalement grâce à un morceau qu'il vole à son bassiste, se vendra encore extraordinairement bien. Finalement, il limoge The Revolution et un nouvel album double, qu'il voulait triple, est lancé en 1987, suivi d'une tournée mondiale qui le rendra encore plus mythique et riche. Sign O The Times est régulièrement placé parmi les meilleurs albums de tous les temps. Avec ses passages soul, R & B, rock, pop, funk, psychédéliques. Prince est au sommet de son art. 

En 5 albums, en autant d'années, de 1982 à 1987, dont 2 albums double, Prince s'inscrit dans la légende du monde musical.  

Stevie avait entre 22 et 26 ans sur sa période dorée. Prince, entre 22 et 28 ans.

Les deux talents collaborent en mars 2005, alors que Prince est la guitare sur le single So What's the Fuss, issu du 25ème album de Wonder. La pièce met aussi en vedette les 4 membres originaux de la formation musicale En Vogue. Terry Ellis, Cindy Herron, Maxine Jones et Dawn Robinson.

Wonder dira de la pièce qu'elle est "... née de toutes ces choses qui surviennent un peu partout dans le monde, et dans la société en général, alors que nous vivons à une époque où nous nous battons à travers la planète, et on ne s'entend pas tous sur la paix. Ce qui reste honteux de notre part. Parce qu'on se rappellera ce à quoi on a pas porté suffisamment attention. Si ça te concerne toi, moi, eux, nous, on fera quelque chose. Mais sinon, on s'en foutera so, what's the fuss ?

C'était 2005.

Mais tellement, tellement aussi 2023...

Je me demande ce qu'aurait pensé Prince des génocides tentés contre l'Ukraine et la Palestine en ce moment.

L'Empreinte Princière.

Oh no ! Let's Go C'est ici que ce clôt mon blogue sur Prince. Je ne vous écrirai pas sur lui à Noël, ni au jour de l'an. Je me r...