L'Arc-En-Ciel Dans Sa Main

"...I don't want stop, 'til I reach the top

1983.

Micheal Jackson trône au sommet du monde pop/rock. Quincy Jones et lui viennent de révolutionner le monde de la musique à jamais. Son 6ème album solo Thriller , enregistré entre avril 1982 et novembre 1982 avait un budget de 750 000$. Lancé fin novembre 1982, il vendra plus de 32 millions de fois, sera premier dans les palmarès d'Amérique du Nord pendant un record de 37 semaines de suite, sur 9 morceaux, un record de 7 singles seront lancés. Ses clips marqueront aussi l'évènement. Du moins celui de la pièce titre qui est un mini film de plus de 13 minutes utilisant les services de John  Landis à la réalisation et sera au final le tout premier vidéo à être retenu à la National Film Industry.  

Pour la communauté des humains à la peau noire, son succès est immense. Il donne confiance à une groupe de gens trop longtemps peu glorifiés en Amérique. Le succès de Prince n'est pas aussi massif, mais très important quand même. Ils iront manger ensemble et Jackson, désormais extraordinairement riche, se plaindra à Prince que ses parents lui demandent continuellement de l'argent. Prince ne pourra que confirmer la même chose. 

Il a des rapports extrêmement difficiles avec ses parents depuis toujours. Avec sa mère, c'est très confus. Il l'a beaucoup admiré au début de sa vie, mais encore, quand elle a refait sa vie après le divorce, il a choisi d'aller vivre avec son père. Il a commencé à la mépriser pour ses choix, surtout celui de trop souvent boire et s'en trouver saoûle. Il l'imite avec mépris dans sa nouvelle famille, The Revolution, pour les amuser. De plus, devenu célèbre et un peu plus riche, régulièrement, elle lui demandera de l'argent. Pour la sortir de sa vie, il lui achètera une maison et au final, n'assistera même pas à ses funérailles, quand elle décède, en 2002. 

Avec son père ce fût aussi difficile. Adolescent, Prince et Morris Day, avertis de ne jamais faire ceci, amènent en cachette deux filles de leur âge afin de faire peau contre peau, ce que la passion du moment leur suggère fortement. Le lendemain matin, devant Morris Day, John N. Rogers exige la clé de la maison à Prince et lui indique que c'est terminé pour lui sous son toit. Prince se réfugiera chez les voisins, les Anderson où il trouvera un sous-sol pour lui et des parents de substitution aimants. John travaille de jour chez Honeywell, et le soir dans les bars, au piano avec son trio, ou seul, afin de joindre les deux bouts. Quand Prince le voit jouer au piano, il fascine. Il joue principalement de la musique d'avant-garde. Atonique. Tout le contraire de la musique populaire. Pas même jazz. Assez peu. Parfois, on dirait qu'il joue tout simplement n'importe quoi, puis, il refait deux-trois fois exactement la même chose. Ce qui confirme que le parcours musical était bien soudé dans cette drôle de tête. Prince est à la fois stupéfait de ce qui semble désordre mais qui est pourtant bien sentier créatif mental. 

John n'était pas équipé pour être un père monoparental. Depuis que son fils est riche et populaire il s'en est rapproché. Il jouit des avantages de sa célébrités. Il a sa nouvelle voiture. Il voyage avec son fils. Le traite comme un petit frère. S'amuse dans ce lui fait vivre son plus vieux. À Jérôme Benton, de The Time, il dira plus d'une fois "You know how lucky you guys are ?". Pour la première fois de la vie de John, l'argent n'est plus un souci permanent. Pour l'album qui se travaille, Prince prendra une partie d'un morceau de John qu'il intègrera au sien. La coupure entre pop traditionnel et plus freestyle est marquante. 

À la même époque, mi-année 80, mes relations avec mon propre père sont aussi très difficiles. Il réalise avec effroi que mes intérêts sont majoritairement artistiques. Tous les weeks-ends, j'explore l'univers de la musique avec passion, regarde des films où lit. Ça rendra mon père fou de voir que je n'ai jamais envie de travailler avec des outils dans le garage où que prendre un scie mécanique dans mes mains me fasse trembler de peur. 

Fin août 1982, The Time avait lancé un second album. Bien que les membres du band soient crédités d'y avoir joué plusieurs instruments, Prince jouent la plupart et Morris Day est à la batterie pour la moitié des 6 morceaux. Cette fois, 5 des 6 morceaux sont composés par les membres de The Time. Et cet album vendra mieux que le précédent avec ses trois singles. C'est encourageant pour le troisième effort commencé en mars 1983. 

En avril 1983, Vanity et Prince posent pour le magazine Rolling Stones. Prince voit plus grand maintenant. Il annonce à son gérant Robert Cavallo qu'il ne renouvelle pas le contrat avec Warner si il ne peut pas aussi lancer un film dans lequel il serait la star, avec son prochain album. Cavallo concède. Tous les investisseurs refusent l'idée. Dont David Geffen et l'acteur Richard Pryor. Cavallo produira donc lui-même. Il engage William Blinn, qui vient de connaitre du succès avec Fame, afin d'en écrire la scénario à partir des idées de Prince. Le scénario original est beaucoup plus sombre. Vanity devait y jouer, mais il y a des frictions entre elle et Brenda Bennett, elle n'aime plus le contrôle que Prince exerce sur le trio, n'est pas convaincue que les droits d'auteurs soient complètement respectés dans la redistribution d'argent, et sa relation avec Prince s'étiole au point de prendre fin. Elle quitte aussi Vanity 6. L'actrice Apollonia Kotero sera choisie pour jouer à sa place dans le film d'Albert Magnoli et pour prendre sa place dans le band qui devient Apollonia 6. Susan Moonsie, qui se sent de moins en moins pertinente dans tout ça, s'en trouvera attristée. Prince écrira un des ses meilleurs morceaux à vie inspiré de l'impact de tout ça (et sans l'utilisation d'une base, phénomène rare).  Moonsie ne fera qu'une chanson de leur album suivant, l'unique album du trio Apollonia 6. Prince leur écrit encore des morceaux, mais se ravise parfois et se les garde pour lui

Wendy Melvoin est introduite comme guitariste au sein de The Revolution. Ça ne plait pas au reste du band. Qui est cette enfant qui n'a pas 20 ans ? Dez Dickerson, qui passe vraiment trop de temps à s'obstiner sur la religion avec Prince, ne sera pas de l'album, mais sera du film. La guitare improvisée de Wendy sur Purple Rain la fait passer de country à rock. Prince navigue beaucoup sur ses idées. C'est en voyant sa fille écouter un morceau sexuellement explicite parlant de masturbation dès le début de la chanson que Tippy Gore, épouse d'Alan Gore, fonde son mouvement conservateur de parents inquiets que leurs enfants deviennent adultes, aux États-Unis. Prince se sent élu par Dieu et sensiblement comme Scott F. Fitzgerald, "parmi les choisis" qu'il était dans les années 20, mais lui, 60 ans plus tard.  

Je découvrirai Prince par cet album, probablement en 1985. L'orgue, des 50 premières secondes du premier morceau de cet album est tout à fait bouleversant pour moi. J'en suis ému et pourrait pleurer sur commande sur cet air. Il s'agit d'un vortex mémoriel qui me situe systématiquement dans ma jeune adolescence, vers mes 15 ans, et me fait revivre momentanément cette époque. Où le croisement de l'innocence, de l'arrogance, et la fascination des découvertes sexuelles formaient un triumvirat magique. Je ne suis plus en 2023 pendant 50 secondes quand Prince nous parles de son fromage religieux en début d'album. Et au volant d'une voiture, Let's Go Crazy me donne des frissons. Prince y superpose deux guitares jouées par lui, et une troisième rythmique par Wendy. Prince rejoint le blanc d'Amérique du Nord. Mission accomplie. Me fera découvrir le noir d'Amérique aussi. Blues, jazz, soul, R & B et rock'n roll. 

Quand à l'automne on commence la tournage du film, Morris Day boude plusieurs jours sans se présenter, la rivalité fictive dans le film, devenant réelle sur le plateau de tournage. L'appartement qui sera reproduit à l'image, dans le film, sera en tout point identique au sous-sol où a grandi Prince, chez les Anderson, adolescent.  

Le film est tourné dans ma saison préférée, l'automne 1983. 

5 des 9 morceaux seront des singles payants. 15 millions d'albums seront vendus de cet album marquant dans 6 mois.

Quelque chose vient de changer. Lisa et Prince le savent quand ils se regardent sur scène. La camaraderie y est toujours, mais l'immensité paralysante s'installera aussi entre tous. 

La famille ne s'appartiendra plus complètement. Tout ça sera beaucoup trop gros.

Comme vouloir faire le tour du monde en une seule journée.  

En Irlande, après avoir assisté à un show de Prince, Mike Scott et Karl Wallinger composent ma chanson préférée à vie à peu près à cette époque. Wallinger faisant même un clin d'oeil au Fame de Bowie en fin de morceau. Pour l'Irlandais que je suis, ça fait mouche partout. 

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

L'Empreinte Princière.

Oh no ! Let's Go C'est ici que ce clôt mon blogue sur Prince. Je ne vous écrirai pas sur lui à Noël, ni au jour de l'an. Je me r...