Quand on improvise, on est surtout pas précis.
Il enregistre le tout un seul soir, à la guitare, passant parfois aux claviers et aux percussions. Eric Leeds est au saxophone tenor et baryton. John Blackwell, à la batterie. Rhonda Smith à la basse acoustique et électrique. L'inséparable Clare Fisher fait ce qu'elle fait de mieux, des arrangements de cordes pour au moins un morceau. Prince appelle ce 27ème album N.E.W.S en référence aux 4 titres qui sont les 4 pôles: North, East, West & South. Présentés dans cet ordre sur l'album. On passe du funk au jazz en passant par le nouvel âge. Ce n'est pas du tout ce qu'attend qui que ce soit de sa majesté. Je découvre cet album dans les 4 dernières années, et, banlieusard cinquantenaire, j'aime. Mais l'album sera très mal reçu, en 2003. Sans direction diront certains, clin d'oeil facile aux références des pôles, et jugé peu convaincant. Personnellement je ne déteste pas le travail au piano de North, ou le travail d'Eric Leeds sur tout l'album. Mais Prince n'est plus rattaché à une étiquette majeure, il peut bien lancer les disques dont il a envie, de manière indépendante. Il reste alors une trouvaille underground et le terme underground a généralement peu à voir avec gros bénéfices financiers. Ce qui n'est pas recherché par Prince, multi-milionnaire.4 Textures musicales relaxantes de 56 minutes, y a pire autour d'une piscine de banlieue.
Depuis qu'il a repris son nom, il se plait à faire la musique qui lui plait et non celle qui pourrait plaire à une public précis. Mais en même temps, il joue aux Grammys avec l'enfant chérie de l'heure et essaie voler le show au Temple de la renommée du Rock'n Roll, ce qui suggère qu'il a envie de rester dans la parade populaire. Il annonce aussi une tournée de ses plus grands succès, et non de son nouveau matériel, pour épouser l'idée de la somme de travail honorable du Temple de la Renommée. Pigeant toujours dans le surplus de matériel qu'il a dans sa voûte personnelle, et plutôt rusé, il lance un album de 12 chansons qu'il nomme Musicology, ce qui pourrait aussi être le nom d'une compilation de ses meilleures oeuvres. Le même mois, comme ancien gagnant, il présente l'Oscar de la meilleure chanson originale pour un film qui sera remis à Jorge Drezler pour lre très bon film Caro Diario de Nanni Moretti.Plus rusé encore pour sa tournée, chaque billet acheté, au prix de 61$ le billet (95$ de nos jours), sera accompagné de ce 28ème album. Ce qui comptera toujours dans les ventes d'album, et le fait paraître dans les top 5 des meilleurs vendeurs un peu artificiellement aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne. Ce sera son meilleur vendeur depuis Diamond & Pearls. Des chiffres...disons gonflés plastiquement. On changera par la suite la méthodologie des ventes d'album, qui étaient plutôt trichées ici. Le succès de la tournée a peu à voir avec les 12 morceaux de Musicology, 2 singles seront tirés de l'album, mais rien ne sera mémorable. Par respect pour ce qu'il a déjà été, il gagne le grammy pour la meilleure performance vocale R&B traditionnelle pour le single Musicology, et la meilleure performance vocale R&B masculine pour Call My Name, un gospel. Je ne sais trop quelle est la différence entre les deux catégories qui sont pas mal n'importe quoi. Il était en nomination dans trois autres catégories aux Grammys. Qui veut vraiment donner une tonne de prix (se discréditant).Au même moment, en ligne seulement, 10 morceaux sous le titre The Chocolate Invasion (Trax from The NPG Music Club Volume One) est aussi disponible. Le volume 2 est aussi disponible, toujours en ligne seulement, le même jour. Mais celui-là se nomme The Slaughterhouse et les 4 derniers morceaux sont attribués à The New Power Generation, le premier, à Prince, tandis que tous les autres sont crédités à L'Artiste Anciennement Connu Sous le Nom de Prince.
L'album Musicology est étonnant de concision à 47 minutes en 12 morceaux qui montrent encore beaucoup de versatilité, des jams de funk sales, des grooves de ballades sensuelles et du psychedelic pop. Et il laisse tomber ses prétentions hip hop masquées dans du R&B. Il prouve encore que comme musicien faisant presque tout tout seul, il est aussi à peu près l'unique artiste qui peut faire sonner chaque chanson comme un band comprenant 9 membres. Maceo Parker est sur 2 morceaux, Candy Dulfer sur 5. Fisher, Blackwell & Smith sont à leurs postes habituels (arrangement des cordes/ batterie / base), Chance Howard, Stokley et Kip Blackshire font des voix, Greg Boyer est au trombone sur 2 morceaux, Sheila E. au shaker et Renato Neto au piano électrique sur le même morceau. L'actrice italienne Ornella Bornaccorsi jase un peu dans sa langue maternelle en ouverture de morceau. Les critiques sont partagé(e)s, certain(e)s disant que bien que ce ne soit pas Purple Rain, ni Sign O The Time, ce n'était pas non plus près d'être mieux que Parade. D'autres disant que ça faisant du bien de le retrouver en forme. Finalement, la plupart disant que c'était mieux produit (par lui bien entendu) qu'écrit. Le magazine Rolling Stone le vote artiste dont on est le plus heureux du "retour". Mensonge partagé puisqu'il n'a jamais arrêté.En partenariat avec l'étiquette Columbia, la tournée se déroule de mars à septembre 2004. Elle s'appellera Musicology, Live2004ever et plus communément The Musicology Tour. Elle rapportera gros. Près de 90 millions. Seulement 3 morceaux du dernier album sont joués, les 3 évoqués plus haut, et le reste est du catalogue de succès passés de Prince. De ses débuts aux années 90, surtout.
Quand le Rolling Stones lance sa liste des 100 artistes rock de tous les temps, où trônent au sommet The Beatles, Bob Dylan, Elvis Presley, The Rolling Stones, Chuck Berry, Jimi Hendrix, James Brown, Aretha Franklyn & Ray Charles, Prince est classé 27ème. Derrière The Ramones, mais devant The Clash. Ce sont 55 artistes, journalistes culturels, et gens de l'industrie qui ont été questionnés sur le sujet. On présente les résultats comme "tel que votés par leurs pairs".
En avril 2005, Prince apparait à la guitare pour un morceau de Stevie Wonder, qui fait aussi briller les voix de Cindy Herron, Terry Ellis et Rhona Bennett qui se font connaître ensemble sous le nom de En Vogue.
Fin 2005, il a prouvé qu'il peut encore faire faire beaucoup d'argent à une maison de disques.
Universal se montre donc intéressée par sa majesté.
Avec eux, il sera signé.
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