Identité Trouble

Prince est riche et ne manque de rien. Il a une nouvelle amoureuse en Ingrid Chavez. Une jeune femme de caractère, qui voudrait aussi avoir sa carrière en musique. Prince a surtout beaucoup beaucoup beaucoup de matériel d'enregistré. Il a un disque sous le pseudonyme de Camille, mais n'ose pas le lancer. Il entre dans une période de sérieux doute. Déjà souvent, dès l'album 1999, en 1981-1982 alors qu'il a de très longues discussions avec Dez Dickerson sur la religion, quand Prince écrit qu'il va manger le sexe de madame, sur la chanson suivante, ou l'enregistrement suivant, il va parler de sacrifices, de rédemption, de pêchés pardonnés, de salut et d'enfer. Il compose avec cette dualité spirituelle depuis longtemps.

Il sent que Camille, son alter ego féminin, pourrait être malsaine. Depuis Octobre 1986, avec Susan Rogers à la production, Il modifie sa voix afin de lui donner un registre très haut, presque féminin, pour un projet androgyne qu'il nomme ainsi Camille

Ayant alors laissé tomber son projet The Dream Factory, devenu en partie, Sign O The Times. Il limoge son band The Revolution sauf Doctor Fink à qui il donne le choix. Fink savoure trop ce qu'il vit pour vouloir quitter. Choisit de rester. Prince enregistrera d'abord Housequake (intégré au final à Sign O The Times) avec la voix de Camille, en utilisant un modulateur de registre de voix ou en enregistrant volontairement un débit plus rapide pour ensuite le ralentir à la post-production lui donnant un ton androgyne. Après 10 jours à jouer comme ça, il compose assez de matériel (8 morceaux) pour avoir au moins un album. Il compte lancer un album éponyme sans se présenter sur la pochette, anonymement, sans jamais dire qu'il s'agit de lui. On dit que le projet est inspiré d'Herculine Barbin, personnage du 19ème siècle qui utilisait aussi le pseudonyme de Camille. À un certain moment,  il pense même en faire un film. Mais comment faire un film en restant anonyme ?

Il en parle à Warner, son étiquette, qui ne trouve rien d'intéressant à lancer un(e) artiste sans l'identifier, et surtout sans pouvoir utiliser le nom de Prince qui attire de gro$ dollar$. L'album n'est jamais lancé, jusqu'à tard en production, et les morceaux seront discéminés ici et là dans le futur. Mais Warner est encore une fois lègèrement agacé.

En 1987-1988, Prince dira que c'était Camille qui était la force responsable de son prochain projet, The Black Album.  Son album avait comme but de tenter de regagner son public noir qui l'accusait d'être devenu trop "pop". Prince apellera ceci, un temps, The Funk Bible. Un des morceaux, assez atypique, de Prince, se nomme Bob George. La chanson raconte un homme suspectant sa femme d'avoir eu une affaire avec le gérant de...Prince "Cet efféminé artiste" se moque-t-il). On entend, à un certain moment des coups de fusil suggérant que l'homme pensé cocu a pris les choses en main. Difficile de ne pas faire le lien avec deux de ses gérants, qui sont très critiques depuis quelques temps de Prince, Bob Cavallo et Nelson George. Dont il utilise promptement les noms. Pour la subtilité, on repassera. Par dédain, il fera aussi une parodie de hip hop

Alors que des milliers de copies sont pressées, Prince dira qu'il a une épiphanie spirituelle, se convaincant qu'une force nommée Spooky Electric (thank U, exctasy badtrip), introduite par Camille en lui, qu'elle est une force du mal, et que tout le projet est profondément malsain. Ce qui est plus près de la vérité est que Prince fait tester dans un bar son nouvel album et l'accueil est catastrophique. Il fera retirer le disque. Warner sera davantage irrité de l'artiste. L'album se rend à quelques critiques qui le qualifient de drôle, soul, funk, expérimental, certains le comparant aux expériences des Beatles sur leur Album Blanc. Mais un album qui ne survivra pas l'épreuve du temps. Étant déjà moins pertinent dès la moitié des années 90. 

Prince intégrera un des morceaux de Camille/The Black Album sur son prochain disque. Il continue son idée de regagner son public noir (qu'il n'a jamais perdu), Et ouvre en intégrant la poésie de la jolie Ingrid Chavez, qui partage aussi son intimité. La chanson qui ouvre le nouvel album est très allumée, très funk, lumineuse, un retravail d'un morceau écrit préalablement. Le second morceau est probablement mon préféré de Prince. Une guitare qui me plait à 100%, un rap de Kat Glover bien intégré, un beat qui donne envie de danser et de rayonner. Le projet entier de son 10ème album se voudra une lutte entre Dieu et Satan, les forces du bien et celles du mal, Prince y injectant beaucoup de sa propre spiritualité. Dans le clip du premier single, On peut lire furtivement sur Prince "Don't buy the Black album, I'm sorry". Il signe un morceau amoureux pour une femme qui l'aurait remonté, lorsque démoralisé (femme non précisée parmi les nombreuses autour de lui) qui sera aussi le second single. Il conclut la Face A de son disque par l'affirmation pas tellement hip qu'il va consacrer le reste de sa vie, à Dieu.

Prince ouvre la Face B de son disque par de l'énergique et du dance. Le morceau naufragé du Black Album suit. Il pêche par positivisme et naïveté sur le reste de l'album qui ne vendra pas fameusement. La pochette, une photo de Jean-Baptiste Mondino, reste fameusement inconfortable (pour un homme hétérosexuel) quand on écoute l'album en public. Les prudes s'en offusqueront aussi. Certains magasins de disques recouvriront celui-ci d'un papier opaque. Ce sera son album le moins populaire depuis 1981, lancé le 10 mai 1988. Warner grogne.

Cet exact jour-là, je deviens couple amoureux d'une Claudia d'Amérique et commence à vivre l'amour pour vrai pour la première fois. J'avoue que Prince tombera de mon radar sensiblement.  

Du 7 mai 1988 au 13 février 1989, une tournée mondiale est livrée par Prince. Il commence à Minneapolis, comme toujours, passe par Paris, Milano, Antwerp, Londres, Birmingham, Helsinki, Johanneshov, Oslo, Rotterdam, Copenhague, Frankfurt, Hamburg, Modena, Rome, Dortmund,  Bloomington, Rosemont en Illinois, Cincinnati, Charlotte, Richmond, Hartford, New York, Toronto, Hampton, Landover, Atlanta, Greensboro, Philadelphie, Worcester, Uniondale, Ann Arbor, Lexington, Pittsburgh, Detroit, San Diego, Denver, Los Angeles, Oakland, Seattle, Vancouver, Ames, New Orleans (ville de L.A.), Houston et finalement Dallas. 

Miko Weaver est à la guitare, Levi Seacer Jr, à la basse, Doctor Fink & Boni Boyer aux claviers, Eric Leeds au saxophone, Atlanta Bliss à la trompette et Sheila E. à la batterie. Kat Glover est aussi de la tournée, tout comme Ingrid Chavez. 

La tournée est un grand moment de communion en groupe. Prince y repensera souvent comme l'un des derniers moments de réel plaisir commun, guidé par une certaine spiritualité. Le spectacle de Dormouth, en Allemagne sera enregistré sur vidéo et lancé sur disque laser, format qui commence à faire son apparition.

Quand Lovesexy est imprimé en CD, tous les morceaux s'enchainent, en appuyant sur la pièce 1, on a tout l'album en continue.

L'ouverture de cet album est un clin d'oeil à l'ouverture d'un morceau du grand Marvin Gaye.

Prince est poussé par Warner à repenser le parcours qui a fait faire de Purple Rain, un fortune colossale aux gens impliqués.

On repense donc film, en appui à un album.

Ingrid serait du projet.

On pense d'abord faire un véhicule cinématographique pour la formation The Time.

Mais Prince aime avoir ses propres idées...

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