Guerilla Funk

"I stand corrected"

1977.

Prince, 19 ans, se présente à un représentant de Warner Brothers de 36 ans, Lenny Waronker. Il lui joue un morceau à la guitare acoustique. Waronker voit déjà du talent. Quand Prince installe son kit de batterie pour en jouer un autre, Waronker finit par lui dire qu'il n'a pas besoin de le faire, il va le signer. Prince n'en démord pas, il va quand même jouer ce qu'il voulait jouer. Et au lieu de se réjouir, il a les couilles de lui dire, en installant ses cymbales, qu'il ne veut pas que Warner le vende simplement "pour le marché noir, Je vais compétitionner avec absolument tout le monde". Waronker dira à ses patrons "On le prends, et ne marchez pas sur ses pieds."

Ça lui donnera une pernicieuse autorité très tôt dans sa carrière qui lui fera aussi mordre sa propre queue. Il ne se fera pas dire non souvent dès son adolescence quand expulsé de chez son père chez le voisin. Cette indépendance est renforcée année après année. 

C'est le même Waronker qui, à l'automne 1986, doit dire à Prince que l'album triple ne sera pas triple. Quand Waronker l'appelle, Prince ne lui dit même pas "allo" il prend le combiné et dit illico: "Semblerait que tu n'aimes pas mon album...". Waronker marche sur des oeufs, lui dit que ce n'est pas ce qu'il a dit, mais qu'il faut le raccourcir, les gens ne seront pas attentifs si longtemps. Prince en rajoute avec plus d'audace encore, "Dirait-on à Mozart qu'il compose trop de notes ? ou que Citizen Kane est un film trop long ?". Habile, Waronker lui parle d'un livre qu'il vient de lire sur l'éditeur qui a découvert Hemingway, F.Scott Fitzgerald, Thomas Wolfe et ainsi de suite. Il lui dit que Prince, en faisant un montage en album double de son triple, est à la fois l'éditeur et l'artiste. Prince lui dit qu'il s'en retourne à Minneapolis (Ils étaient à L.A.). Waronker, au terme de la conversation, croit qu'il a fait patate et qu'il devra choisir les chansons lui-même. Mais Prince passe la nuit debout et au petit matin, lui livre un album double. 

Puisque le doute subsiste, il retourne en studio le 31 décembre 1986 avec Sheena Easton, le band, Sheila E. pour y concocter un morceau. Très longtemps. Jusqu'en 1987.  Un morceau qui inclut même un peu de la voix de Camille. Prince réduira donc son triple album en un double en y soustrayant 7 chansons. Il ne s'est pas fait dire non souvent. Paisley se construit et il doit prendre des décisions à toute sorte de niveau. Il vit aussi le deuil qu'il a provoqué en limogeant The Revolution. Sa tête est pleine.

Tout ce qui grouille, tout ce qui se marmite est plutôt intense. Et sa musique sera toute aussi énergique. Cuivrée. Soul. Funk. Il travaille sans arrêt, 2 ou 3 chansons par jour. Goofy encore parfois. Compose entièrement, et dans la négativité, The Black Album. Il est heureux et surproductif, mais aussi secrètement enragé de l'intérieur

Au Studio Sunset de L.A. il se l'approprie avec un 18 roues qui lui livre des accessoires et même un lit. Ils décorent le studio. Des comptables et des architectes viennent le voir afin de valider des choses sur Paisley qui se construit avec 10 millions de budget. Il est chef d'orchestre sur de multiples tableaux. Il retravaille un de ses morceaux pour la chanteuse Deborah Allen, mais change d'idée et lui en offre un autre à la place. Puisqu'il travaille parfois entre 24 et 72 heures sans arrêt, il s'organise avec deux ingénieurs qui se relaient à coups de 12 heures. Coke Johnson (dit Coz') & Susan Rogers sont ses partenaires de crimes à la console. 

Prince écrit le premier album de Jill Jones et écrit pour une de ses idoles, Joni Mitchell. Mais celle-ci refuse le morceau juge trop risqué pour elle. Ils continueront de s'admirer mutuellement toujours.

Prince n'avouant et n'acceptant jamais ses faiblesses ne veut surtout pas montrer sa douleur alors toute sa musique est principalement allumée et nourrie de plusieurs voix. Rien ne l'écoeure davantage que des gens qui se trouvent des excuses. Il est tendu de l'intérieur, mais très joyeux du son. Play in the Sunshine, les chansons de Camille. All My Dreams

Son 9ème album, un album double, est finalement lancé le 30 mars 1987. Il atteindra le 6ème rang des meilleures ventes à son meilleur, soit suite au troisième single avec Sheena. Les singles sont la chanson titre d'abord, If I Was Your Girlfiend, choix mal aviséU Got The Look et I Could Never Take The Place Of Your Man. On prévoyait un 5ème single mais ça ne se fera pas. Ça irrite encore un peu Prince. L'album est #1 en Suisse, mais pas ailleurs. Il ne vend pas autant que ces prédécesseurs. La compétition est forte. U2, George Micheal, Micheal Jackson font aussi sensation au même moment. 

Prince ne fera pas de tournée en Amérique pour cet album, mais en Europe non seulement il fera une tournée, il en fera un film. L'album sera nommé dans la catégorie de l'album de l'année. Avec le temps, il sera considéré comme le sommet de son art. Tout ce qui suivra ne sera que redescendre de la montagne qu'il s'est construite.

Pour le moment c'est aussi Paisley Park qui nait. Prince y a même enregistré un morceau qui sera de Sign O' The Times. Un de ses meilleurs parce qu'imparfait. Ce qu'il ne supporte pas souvent. Avec un piano électrique sur filtre bas, et une batterie qui ne ferait qu'accélérer donnant une sorte d'impression d'écouter tout ça sous l'eau.

Ne pouvant le faire dans Paisley Park qui se construit, c'est dans un entrepôt que Prince recrute le bassiste Levi Seacer Jr à la basse, a Miko Weaver à la guitare, Sheila E. à la batterie, Doctor Fink aux claviers, Boni Boyer à la voix et aux claviers aussi,  Eric Leeds au saxophone, Atlanta Bliss à la trompette, Wally Safford et Greg Brooks comme danseur et personnages sur scène et découvre la danseuse Cat Glover dans une émission de recherche de talents, qui naissent alors en 1987. 

Il l'invite et découvre qu'elle a plus d'énergie que lui. Pendant les pratiques en entrepôt, elle danse comme si c'était devant 25 000 personnes. À leur première rencontre, une session de photo est déjà prévue à son insu. Elle est vite dans la toile d'araignée du Prince. Il lui fait essayer la robe qu'il avait prévu pour Suzannah Melvoin (5'1). Cat fait 7 pouces de plus. La robe devient très très courte. Prince adore. Cat aussi. On prends une photo pour le premier single de l'album double où elle tient un coeur noir cachant son visage.

Le père de Prince, que celui-ci avait invité à souper pour lui faire plaisir car Miles Davis, avec lequel Prince a joué, est aussi à leur table, s'inquiète de la pochette et demandera à Cat :" SVP dis-moi que c'est toi sur la pochette de ce single" Ce qu'elle confirme. "OUF! cette fois je pensais que mon fils avait vraiment perdu complètement sa tête..."

Signe des temps.

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